Qu’est-ce qu’une Startup ?

Photo: Gracieuseté

Fairfly de Joan Yago Garica met en scène quatre amis dans la trentaine qui, après avoir eu une idée à la fois innovante et inusitée, décident de se lancer en affaires et de fonder une startup ! Afin d’en savoir un peu plus sur ce modèle entrepreneurial, et particulièrement sur son écosystème québécois, nous nous sommes entretenus avec Mme Liette Lamonde, PDG de Bonjour Startup Montréal.

 

1. Qu’est-ce qu’une startup, exactement ?

Comment ce modèle d’affaires se distingue-t-il des autres ? Il s’agit d’une entreprise innovante ayant un potentiel de croissance rapide. Elle peut être liée à n’importe quel secteur d’activité. La plupart des startups ont un aspect technologique important. Soit elles développent une technologie, soit elles s’appuient sur des technologies qui lui permettent de croître rapidement.

Depuis quand voit-on des startups au Québec ?

Le modèle nous vient de la Silicon Valley, en Californie. Cet écosystème a vu le jour il y a environ 50 ans et l’image qu’on en a est qu’on lance une startup avec l’objectif de la rendre assez séduisante pour qu’elle soit achetée par Google ou Amazon, pour faire de l’argent rapidement. À Montréal, ça fait une dizaine d’années qu’on commence à entendre parler des startups, mais elles se sont développées d’une façon beaucoup plus importante depuis les cinq à six dernières années. Le modèle québécois est influencé par celui de la Silicon Valley, mais pas semblable. Je ne vois pas uniquement une recherche de profit à tout prix. Je constate une envie de faire quelque chose de significatif de sa vie, d’avoir de l’impact. Plusieurs ont identifié un besoin dans la société auquel ils veulent trouver des solutions, des réponses.

Quels sont les bons et les mauvais côtés de ce modèle d’affaires?

Il n’est pas question ici de créer un produit parfait dès le départ. Le grand avantage est donc de pouvoir débuter avec un investissement assez petit et de tester notre idée pour savoir rapidement si elle a un potentiel de marché. D’un autre côté, le monde startup est beaucoup axé sur la performance. Une fois qu’on a lancé un nouveau produit et que des gens s’y intéressent, on passe en mode « frapper aux portes des investisseurs », comme des firmes de capital de risque. Et on sent vite la pression de livrer selon les attentes de cet investisseur. On doit pouvoir vivre avec des peaks d’excitation et des peaks de découragement, parce qu’on se fait souvent dire « non », au début. C’est cela la plus grande difficulté : y consacrer passionnément plusieurs heures, sans savoir si ça va marcher.

Comment passer du rêve à la réalité ?

Par exemple, comment apprendre à gérer la croissance rapide de l’entreprise ? Quand on part une startup, autant on a l’avantage de tenir les rênes de notre destinée et de prendre chaque décision stratégique qui se présente, autant on est responsable ! Ce n’est pas donné à tous d’être capable de bien vivre avec toute cette responsabilité. Quand on commence et qu’on se lance, on réalise vite qu’on perd une certaine forme de liberté, parce qu’il faut consacrer énormément de temps et d’énergie pour arriver à ce que ça fonctionne. Mais c’est un temps qu’on choisit de mettre soi-même, pour un projet qu’on a créé et qui nous tient à cœur. Certains apprendront que ce n’est pas pour eux ! On dit toujours que la croissance est un beau problème, mais c’est aussi un défi important. Et même si on a créé une startup en visant la croissance, quand elle arrive, on n’est pas toujours prêt.

Se lancer en affaires en couple ou entre amis, c’est une bonne idée?

On le voit beaucoup dans le monde des startups! L’avantage, c’est qu’on connaît nos forces et nos faiblesses, on sait à qui on a affaire. Par contre, ce que les gens ne font pas tout le temps, justement parce que ce sont des amis, c’est de bien clarifier les règles du jeu avant que les problèmes surviennent. C’est très important d’établir les bases de notre partenariat au début, le rôle et la contribution de chacun. Des fois, ça fonctionne très bien. Mais on voit aussi des couples et des amitiés qui ne survivent pas à la startup.

La startup québécoise est en croissance. Qu’est-ce que ça révèle sur une société ?

Tout cela a pris une ampleur assez phénoménale à Montréal, où on compte maintenant environ 1200 startups. Il y a un grand intérêt chez les jeunes pour se lancer en affaires. C’est une génération qui aime ce mode de vie, pour la liberté et l’indépendance qu’il procure. Je trouve que ça révèle un besoin de trouver des réponses et de solutionner des problèmes que l’on observe autour de nous. Après, le modèle plus américain comme la Silicon Valley, oui, on peut le remettre en question. Au Québec, notre écosystème est jeune, il a seulement 10 ans. Nos objectifs sont plus diversifiés. C’est le bon moment pour se questionner et se demander quel modèle on veut privilégier. Est-ce qu’on veut juste du profit pour du profit ou on veut aussi saisir l’occasion pour se dire que « peut-être que les startups montréalaises pourraient aussi avoir des préoccupations sociales et environnementales » ? C’est la réflexion que nous avons ces jours-ci dans notre écosystème, histoire d’aller chercher le meilleur du modèle startup.