Auteur et interprète de Michel(le)

Entrevue avec Joey Lespérance

Joey Lespérance dresse, dans ce solo autobiographique, le portrait tout en contrastes d’un parcours marginal, courageux et tumultueux, celui de son frère devenu soeur, son « froeur ».  Premier solo en carrière de l’auteur, il nous en dit un peu plus sur le processus de création de Michel(le).

Pourquoi était-ce important pour toi de rendre hommage à Michel(le) grâce au théâtre et à la performance ?

Pour moi, il était évident que pour rendre hommage à Michel(le) je devais utiliser le théâtre, car c’était le langage de notre enfance. C’était par les spectacles que nous jouions pour notre famille et nos ami·e·s que nous étions vraiment heureux et libres d’exprimer notre singularité. Et le théâtre était notre rêve de carrière à tous les deux, on voulait pouvoir vivre de cette passion. Mais surtout, l’histoire de Michel(le), rarement vue sur scène, est digne d’une pièce de théâtre.

C’est la première fois que tu écris une pièce de théâtre. Comment s’est passé le processus?

Le processus d’écriture a été très révélateur pour moi. Même si le fait d’écrire une pièce autobiographique m’a replongé dans des événements personnels troublants, j’ai dû naviguer cette période d’inconfort pour en retirer son universalité car Michel(le), de sa vie, nous a laissé une riche histoire. Avec l’aide de mes conseiller·ère·s dramaturgiques et à travers nos échanges, j’ai pu voir ce vécu de l’extérieur et en reconnaître sa particularité, avant de me pencher davantage sur la forme, la façon dont je voulais raconter son histoire. En entamant ce processus, j’ai découvert à quel point j’aime écrire. Michel(le) ne sera pas ma dernière pièce.

 

Quelle expérience souhaites-tu donner au public ? Avec quoi veux-tu qu’il ressorte ?

Par l’histoire de Michel(le), j’aimerais que le public reconnaisse à quel point nous devons être attentif·ve·s à nos enfants. Car en chaque enfant, il y a peut-être une identité queer qui a besoin de se réaliser dans ce monde hétéronormatif. Quels messages leur envoyons-nous ? Quels encouragements leur offrons-nous ? Il n’y a rien de plus fragile et de plus précieux que le début d’une vie. C’est le point de départ de nos rêves, mais aussi la période où nous devons être encouragé·e·s afin de pouvoir les réaliser. Derrière chaque adulte épanoui·e, il y a une enfance encouragée. Le contraire est aussi vrai.

Esther Duquette signe la mise en scène du spectacle. Comment s’est déroulée cette collaboration artistique ?

J’ai collaboré avec Esther Duquette à plusieurs reprises et à chaque fois j’ai été touché par son professionnalisme et son éthique du travail. Esther a un sens du théâtre qui me parle beaucoup. Son attention aux détails et son habilité à intégrer le mouvement, le rythme, le jeu et l’esthétique pour créer un univers scénique cohérent fait d’elle une metteure en scène de grand talent. Quand j’ai commencé à écrire Michel(le), j’ai tout de suite pensé à elle. Je suis si heureux qu’elle ait accepté. C’est une grande artiste et, encore une fois, sa mise en scène le prouve. Le projet est vraiment enrichi par sa force de meneuse qui a permis d’assembler une équipe artistique hors pair. De plus, nous adorons créer ensemble et avons une ligne de communication établie et ouverte, ce qui est très important pour assurer un espace de jeu respectueux et bienveillant.