La meute

Dès la première lecture que j’en ai faite, j’ai su qu’il fallait programmer La meute. J’ai été complètement conquis par cet univers si particulier que Catherine-Anne dépeint, un univers dans lequel angoisse et humour cohabitent dans une tension de tous les instants. Avec cette pièce, elle explore et maîtrise merveilleusement l’art du « thriller psychologique ».

Catherine-Anne observe que le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus violent. Il y a les violences que nous ne voyons même plus, dit-elle, que nous choisissons d’ignorer, celles que nous initions et que souvent, sans le vouloir, nous perpétuons. Les réseaux sociaux sont de plus en plus le foyer d’une violence instituée en système « bien pensant » où l’inquisitoire a pris la place de la simple opinion partagée. Cette violence est-elle devenue si banale à nos yeux que nous n’y prêtons même plus attention ? Serions-nous si habitués à ses effets que nous y sommes devenus indifférents ? Réellement indifférents ? Fascinant !

C’est au metteur en scène Marc Beaupré que nous avons proposé l’œuvre. C’est une première pour Marc à La Manufacture. Son travail de metteur en scène en impose et la lecture qu’il nous propose de La meute est fascinante. Ici, à La Licorne, et en regard de la dramaturgie de Catherine-Anne et de tout ce qu’elle commande, Marc a su planter un univers très théâtral sans jamais altérer les interprétations concrètes des magnifiques acteurs que vous verrez sur scène.

Merci à Guillaume Cyr et à Lise Roy, et à Catherine-Anne bien sûr, qui s’abandonnent littéralement dans une proposition qui exige une grande, une très grande confiance, et un extraordinaire don de soi. Merci.

Je salue tous les concepteurs de ce spectacle et les remercie pour leur immense talent.

Je salue l’équipe de La Licorne. Sans vous, rien n’est possible.

Mesdames, Messieurs, je vous souhaite un très bon spectacle.

Denis Bernard

Lorsque j’ai fait lire La meute autour de moi, j’ai été surprise de constater à quel point peu de gens étaient au courant de l’ampleur des fléaux que je présente dans la pièce. De réaliser à quel point on ignore les conséquences dévastatrices de ces petits jeux de l’ombre ; de ces formes de terreur organisée qui détruisent des vies… pour le plaisir.

J’imagine qu’on banalise cette violence, car en quelque sorte, elle ne nous semble pas réelle. Elle n’est pas concrète. Comme s’il suffi sait de regarder ailleurs pour qu’elle disparaisse comme par magie. Mais la réalité est tout autre. Cette violence nous poursuit, nous transforme subtilement, sans que nous en soyons conscients. Elle nous polarise, nous désensibilise, mais surtout, elle effrite notre humanité.

Et c’est exactement ce qui arrive à Sophie, une femme désagrégée par la violence.

Avec La meute, j’ai eu envie de vous faire pénétrer dans un univers qui oscille constamment entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. De vous amener dans des zones grises d’où personne ne sort indemne. Où rien n’est jamais blanc ou noir, car le cercle vicieux de la violence ne fait que des victimes sur son passage. Ici, pas de méchant, pas de héros, juste des êtres brisés qui s’attaquent aux fragilités des autres en espérant s’élever, se soulager, l’espace d’un instant.

Sur ces paroles réconfortantes… je vous souhaite bon spectacle !

Merci à Marc, Guillaume, Lise et Marie-Hélène d’avoir embarqué dans cette aventure. Merci à tous les concepteurs et à la formidable équipe du Théâtre de La Manufacture.

Mais surtout, merci à Antoine, pour tout ! ! ! Et merci à ma sœur Sophie de
m’avoir initiée à cet univers troublant.

Catherine-Anne Toupin

SPOILER : Vous allez assister à un thriller. Je vous dévoile cette surprise – n’ayez crainte, la pièce en contient bien d’autres – parce que je crois que c’est la façon la plus évidente de définir l’œuvre que vous allez découvrir. Si je le fais, si je dévoile ça, c’est parce que j’ai besoin de faire une confidence : pour moi, La meute, c’est aussi une tragédie. C’est ce qui m’a bouleversé dans ce texte de Catherine-Anne Toupin : la tragédie. Mais parfois, quand nous
abordons en salle de répétition les finalités de La meute, j’estime au contraire qu’elle est un drame. Drame ? Tragédie ? La différence, à mon sens, tient à ceci : la tragédie est une affaire de choix, et tous sont malheureux ; le drame est imposé, ultimement incontrôlable. Au moment où j’écris ces lignes, j’hésite encore à classer cette œuvre pour de bon et
c’est ce qui me la rend grande et importante.

Je dépose donc humblement cette ambivalence entre vos mains, et serais curieux de vous attraper au sortir du théâtre, ce soir…

Sur ce, bon spectacle…

Marc Beaupré